Streaming ou DVD, quel bilan carbone respectif?
vendredi 17 juillet 2020L’équipe PAF Bilan Carbone nous dit tout de son projet.
Comment l’idée est-elle venue ?
L’idée nous a été proposé par notre encadrant : Philippe Ciblat. Nous avons tous les cinq choisi ce projet car nous sommes sensibles aux enjeux environnementaux. Ce sujet était une opportunité de réfléchir aux conséquences de notre usage du numérique.
Nous faisons partie d’une génération soucieuse des enjeux climatiques et plus généralement écologiques. Notre implication pour le sujet se limite souvent à notre militantisme (à Télécom Paris par la voie associative ou en dehors).
Nous souhaitons pouvoir mettre nos compétences d’ingénieur au service de ces enjeux sociétaux et le sujet proposé par M. Ciblat nous offrait une première opportunité pour cela.
Quelle est la philosophie du projet ?
Les visionnages de films et vidéos en streaming ont explosé ces dernières années (nous en sommes les premiers bénéficiaires).
Il s’agit de quantifier l’impact environnemental de cette tendance et de le comparer à celle du visionnage par DVD qui prédominait encore il y a une dizaine d’années et qui représente toujours une part non négligeable du marché.
Nous avions notamment pour objectif de comparer nos résultats à ceux du Shift Project qui avaient été dénoncés comme trop élevés.
Nous restons toutefois conscients que notre projet s’inscrit dans le cadre de la sensibilisation et qu’il n’est qu’une première étape aux actions devant être menées.
Quels sont les moyens mis en œuvre ?
Pour le streaming, nous avons fait le choix de n’étudier que les vidéos de Netflix et Youtube. Notre approche a consisté à modéliser une vidéo comme une série de bits. Ensuite, nous avons décomposé la chaîne de transmission des données du streaming en plusieurs étapes (data centers, routeurs, fibre optique, etc.), dont nous avons étudié le bilan carbone grâce à des articles scientifiques.
Nous avons donc mis au point des modèles de calculs généralisés mais qui dépendent de paramètres : la durée ou la qualité de la vidéo, le pays dans lequel on est, le type d’appareil de visionnage et sa connexion internet… De même pour le DVD : quelle est sa provenance, comment on se l’est procuré (achat en ligne, location en boutique …) et évidemment également les questions d’appareil de visionnage.
Quelles sont les phases clés du projet ?
Le premier enjeu est de découper la chaîne de transmission du film qui s’étend du serveur de stockage jusqu’à l’ordinateur de l’utilisateur.
Pour chaque étape, il faut ensuite trouver un modèle pour les émissions de CO2 en s’appuyant sur les travaux de la communauté scientifique.
De plus, il faut souvent essayer d’actualiser les chiffres que nous trouvons qui ont quelques années (notamment sur les DVD) en utilisant les courbes d’évolution sur les dernières années.
Enfin, il faut aussi collecter des données sur la taille d’un film ou d’une vidéo selon sa résolution et sur le mix énergétique du pays.
En quoi le format PAF est-il adapté ?
Le format PAF s’adapte bien au projet car le travail en groupe permet à la fois de répartir le travail (les articles scientifiques sont assez denses) tout en permettant à chacun d’apporter ses compétences propres. Nous avons essayé de nous adapter au travail en distanciel même si ce format ne favorise pas le travail en groupe.
Qu’avez-vous constaté sur les usages ?
Notre approche permet de réaliser un bilan carbone en fonction de notre usage du streaming et du DVD. Le résultat varie énormément en fonction de notre mode de consommation de la vidéo. Il est toutefois important de constater que si le streaming peut être avantageux par rapport au DVD en terme de bilan carbone, il a aussi modifié nos usages. On parle généralement d’effet rebond : la simplicité avec laquelle nous pouvons accéder au streaming aujourd’hui nous pousse à augmenter de manière significative le temps passé à regarder des vidéos.
Verdict ? le streaming est-il plus « vert » ?
Cela dépend des cas d’usages. Par exemple, pour un film de 2h regardé sur ordinateur sur Netflix avec une résolution de 1080p en wifi, l’empreinte carbone est de 140 gCO2eq soit l’équivalent d’un peu plus d’un kilomètre parcouru en voiture. Lorsque l’utilisateur va à pied louer son blu-ray en vidéothèque, l’empreinte est de 40 gCO2eq soit trois fois moins. En revanche, pour un usage unique du DVD cherché en voiture, la tendance s’inverse.
Le point crucial du sujet que nous n’avons pu faire ressortir dans nos recherches reste l’effet rebond. Même si le visionnage d’un film en streaming ne rejette pas beaucoup plus qu’un DVD, les plateformes comme Netflix ou Youtube ont fait exploser le visionnage de films et vidéos par utilisateur d’où une empreinte carbone forcément accrue.
Prévoyez-vous une mise à disposition au public ?
C’est moi (Benjamin) qui ai codé l’application sur la base des données récoltées par mes camarades, et je n’ai pas du tout la prétention que le fruit de deux semaines de mon travail soit utilisable au niveau public ! En plus, proposer une application au téléchargement public a un coût. Et ce serait uniquement sur Android, au moins dans un premier temps ; si des curieux veulent l’essayer, qu’ils n’hésitent pas à me demander !
Image d’entête : Needpix