Changement climatique : enjeux de transformations – Gravité – Urgence – Actions

Paléoclimatologue de rayonnement international, Valérie Masson-Delmotte a contribué au rapport de synthèse du GIEC publié le 20 mars 2023. Ce dernier rapport de 100 pages résume les résultats de milliers de page de publications scientifiques internationales. Elle s’investit pour diffuser les savoirs scientifiques au plus grand nombre et aux étudiants de formation scientifique. Elle est intervenue à Télécom Paris en avril 2023.

 

 

Valérie Masson-Delmotte : gravité, urgence, action

Valérie Masson-Delmotte est chercheuse au CEA, directrice de recherche au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE). Formée à construire des modèles climatiques à partir d’archives climatiques, elle est lauréate de la médaille d’argent du CNRS. Elle contribue depuis 2007 aux travaux du GIEC, Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat au niveau mondial. Auteure, coordinatrice et, en 2015, élue co-présidente du groupe de travail n°1 du GIEC consacré aux bases physiques du climat, Valérie Masson-Delmotte siège aussi au Haut Conseil pour le Climat initié par le Président de la République fin 2018.

Le point sur le changement climatique

Dans cette intervention, Valérie Masson-Delmotte décline les points clefs des connaissances scientifiques sur le changement climatique, ses causes, ses impacts et explique les mesures de transformations à mettre en œuvre pour atténuer ces changements qui nous concernent tous, et pour nous préparer à nous y adapter. Cette intervention d’intérêt général a été ouverte à d’autres établissements scientifiques (l’Institut polytechnique de Paris, l’Institut Mines-Télécom, l’Université Paris-Saclay, l’EPFL Lausanne).

La température mondiale a augmenté de +1,15°C par rapport à 1850-1900 en raison des activités humaines. Les scientifiques avaient prévu et observent une généralisation d’impacts graves sur la planète. Toutes les régions du monde sont concernées. 2022 a été une année hors normes en Europe, avec des dérèglements climatiques de grande ampleur relevés par le programme européen de surveillance spatiale Copernicus. Valérie Masson-Delmotte explique les tendances actuelles de ces phénomènes, liées à nos émissions de gaz à effet de serre (GES), les risques d’emballement sur les cycles et écosystèmes du vivant ; elle décrit les futurs possibles dans diverses régions du globe selon les volumes d’émission de GES que nous serons capables ou non de réduire mondialement. Cela permet d’éclairer ainsi nos choix, professionnels, personnels ou citoyens.

Un monde plus chaudValérie Masson Delmotte précise : le monde plus chaud, différent, que nous connaîtrons d’ici 10 ou 20 ans dépend des choix effectués maintenant et à court terme. Pour limiter ce réchauffement, des baisses immédiates, rapides et profondes des émissions de GES sont requises.

Nos politiques publiques ne vont pas assez vite. Celles actuellement opérées dans le monde conduiraient à dépasser 1,5°C d’ici 2030, 2°C d’ici 2050, flirter avec les 3°C en fin de siècle…
Pourtant des options d’actions faisables, efficaces et abordables sont disponibles maintenant pour réduire les émissions et s’adapter à un climat qui change.

Quelles actions privilégier et comment accélérer ces actions?

Construire un avenir viable et soutenableValérie Masson-Delmotte décrit aux futurs ingénieurs et innovateurs de nos établissements scientifiques l’approche systémique à mettre en œuvre : il s’agit d’associer les options d’adaptation et les options d’atténuation dans tous les domaines de nos activités humaines : Production d’énergie – Terres, eaux, alimentation – Villes et infrastructures – Santé – Société économie, moyens de subsistance – Industrie et déchets. De quoi inspirer !

Valérie Masson-Delmotte le répète : ces actions sont bénéfiques pour l’humain et il est possible de construire un avenir viable et soutenable avec un passage à l’échelle pour toutes et tous en agissant rapidement pour construire un développement résilient face au climat ; ceci requiert des flux financiers notablement plus importants et de la coopération internationale.

Nous le comprenons toutes et tous, l’action pour le climat, pour être efficace, doit être juste, inclusive et basée sur le partage des connaissances.

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Valérie Masson-Delmotte : gravité, urgence, action (vidéo)

 

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Changement climatique : enjeux de transformation - conférence de Valérie Masson-Delmotte à Télécom Paris, avril 2023

Focus : potentiel et enjeux associés aux technologies numériques?

Nos élèves ont posé de nombreuses questions à Valérie Masson-Delmotte :

Pour l’adaptation

  • Résilience des réseaux d’infrastructures
  • Rôle clé pour la gestion de crise
  • Accès aux services climatiques
  • Accessibilité (exemple : agriculture)
  • Compromis résilience / durabilité
  • Fracture numérique

Pour l’atténuation

  • Potentiel d’appui aux transformations (demande, efficacité, économie circulaire, économie du partage)
  • Innovations conçues pour groupes à fort pouvoir d’achat
  • 4 facteurs clés pour la soutenabilité :
    – Demande directe d’énergie des équipements & infrastructures
    – Gains apportés pour l’efficacité (énergie, ressources)
    – Ressources, matériaux, déchets des milliards d’équipements de courte durée de vie
    – Effets rebonds (y compris / nouvelles activités)
  • Besoin d’outils de suivi en appui à la gouvernance pour maximiser le potentiel du numérique

2023 : coup d’accélérateur sur les transitions à Télécom Paris

La nécessité de transition écologique et énergétique est actée dans la stratégie de l’École, en lien avec sa raison d’être : former, imaginer et entreprendre au service de la société et de l’économie.

L’échange avec Valérie Masson-Delmotte en avril 2021 avait accéléré la mobilisation interne à Télécom Paris. Une soixantaine de membres du personnels, d’élèves et d’alumni se mobilisent régulièrement au long de l’année autour du pôle TSE pour modifier les usages et comportements sur le campus. Dans tous les services, nous progressons en termes de mobilités durables, de pratiques numériques, d’alimentation bas carbone et sur divers écogestes dans notre bâtiment HQE, peu énergivore. Télécom Paris forme ses personnels et intègre progressivement un enseignement systématique aux enjeux sociaux et environnementaux dans le cursus ingénieur, enseignement qui essaime en formation doctorale et en formation continue. À la rentrée 2023, le programme ingénieur compte 125 heures de formations dédiées à ces sujets (le système terre, le climat, l’énergie, la durabilité des technologies, etc. jusqu’aux outils pour un numérique plus responsable et plus inclusif). Des enseignants-chercheurs ont entrepris de mettre en cohérence leurs disciplines, leur recherche, leurs partenariats et entrepreneuriat avec ces valeurs. Depuis que la vie de campus a repris en présentiel (post Covid), les associations étudiantes sont elles aussi redevenues actives sur ces sujets : à l’école, MAD « Make a difference » œuvre en lien avec d’autres du plateau (Together4earth, Pour un réveil écologique, le forum ASTER …).

Avec ce nouvel éclairage des priorités d’actions, de nouvelles initiatives pourront émerger et des synergies se renforcer dans nos écosystèmes de l’Institut Polytechnique de Paris et de l’Institut Mines-Télécom. À suivre…