La blockchain est une technologie de stockage et de transmission de données, basée sur un système de registre décentralisé, infalsifiable, transparent et sans tiers de confiance. Elle permet un partage fiable de données et l’échange d’actifs de manière cohérente et équitable, au sein de systèmes dont les usagers peuvent avoir des intérêts contradictoires et pouvant induire une méfiance réciproque.
Les travaux de la chaire TrustShare mettront l’accent sur les bases algorithmiques des blockchains afin de découvrir de nouvelles implémentations de partage de données et de transfert d’actifs décentralisés, notamment lorsque plusieurs entités sont impliquées au sein d’une chaîne d’approvisionnement ou lorsque plusieurs chaînes entrent en interaction.
Petr Kuznetsov, Professeur à Télécom Paris, Institut Polytechnique de Paris et titulaire de la chaire TrustShare, explique : « Pour créer des systèmes de partage de données plus efficaces et moins gourmands en énergie que les solutions blockchain conventionnelles, nous avons deux façons de procéder : on peut considérer un problème à résoudre plus simple, moins générique mais au contraire spécifique à un usage précis, comme le problème du transfert d’actifs (e.g., cryptomonnaie). On peut aussi envisager un modèle de fonctionnement plus fort, par exemple avec certaines hypothèses de confiance, modèle défini pour des groupes réduits de participants, impliqués dans un smart contract. Au sein de la chaire, nous allons explorer ces deux directions simultanément. »
Pour un acteur international de l’audit et du conseil comme Mazars, l’intérêt de la blockchain apparaît évident. Luis Belmar Letelier, associé Mazars commente : « Mazars souhaite contribuer à la structuration de la filière des algorithmes de confiance s’appuyant sur des systèmes distribués, et à en devenir l’un des acteurs de référence. Ces systèmes sont appelés à se développer notamment dans les relations d’affaires, au niveau des transactions physiques comme financières, et au sein de leurs écosystèmes juridiques, comptables et fiscaux associés. »
La sécurité des blockchains étant un élément crucial, le programme de recherche comporte un volet sur la confidentialité et le contrôle de l’accès aux informations, sous la supervision de Matthieu Rambaud, Maître de conférences à Télécom Paris, Institut Polytechnique de Paris et spécialiste en cryptographie : « Il s’agira par exemple de permettre à chaque signataire de vérifier l’intégrité des parties d’un contrat qui le concernent, sans pour autant qu’il ait accès à l’intégralité du document. »
La Blockchain étant un véritable enjeu pour le secteur bancaire et financier, le groupe Caisse des Dépôts s’est également associé à la Chaire. Pour Nadia Filali, responsable du Programme Blockchain et Cryptoactifs de la Caisse des Dépôts, « ce partenariat s’inscrit dans la continuité des actions que la Caisse des Dépôts mène pour soutenir l’écosystème de la recherche académique française, tout particulièrement en ce qui concerne la technologie Blockchain et ses applicatifs en termes de confiance et de certification numériques. Pouvoir bénéficier d’une expertise de haut-niveau sur ces sujets est un enjeu primordial en termes de souveraineté numérique, aux échelles française et européenne.
Par ailleurs, cette chaire permettra également d’avancer efficacement sur les questions plus spécifiques telles que l’interopérabilité des blockchains ou de la consommation d’énergie de ces dernières, la transition énergétique étant l’une des priorités de la Caisse des Dépôts. »
La chaire TrustShare a donc pour objectif de conduire une recherche académique de pointe dans un esprit interdisciplinaire qui contribuera à donner aux partenaires une visibilité internationale sur la thématique. Elle a également vocation à contribuer à la formation des praticiens et professionnels afin de placer Télécom Paris parmi les établissements de référence pour la recherche et la formation dans ce domaine.
Programme scientifique de la Chaire TrustShare
- Axe 1 – Reconfiguration active dans des systèmes de réplication de données, dont les membres et leurs liens de confiance mutuelle sont soumis à des mises à jour pilotées par l’utilisateur. Cet axe est basé sur les résultats récents sur la reconfiguration décentralisée asynchrone et les services répliqués tolérants aux fautes byzantines.
- Axe 2 – Propriété de redevabilité (‘accountability’) dans les services répliqués dynamiques : définir les spécifications, prouver les limites de complexité, concevoir des implémentations et analyser les performances.
- Axe 3 – Fédérer la confiance : étudier les possibilités et limites des quorums fédérés pour construire des systèmes de stockage et de cryptomonnaies.
- Axe 4 – Réconcilier les blockchains : explorer les interactions inter-chaînes, avec un défi particulier sur la question du temps et la recherche de solutions asynchrones plus efficaces.
- Axe 5 – Contrôle d’accès et confidentialité dans le contexte d’une défiance réciproque : s’interroger sur la confidentialité et la sécurisation du calcul multi-acteurs sur les chaînes d’approvisionnement.