Bernard Duverneuil
Directeur des systèmes d’information du groupe Essilor, leader mondial des verres correcteurs ; élu DSI de l’année 2012 ; Vice-Président du Cigref.
Pourquoi avais-tu choisi Télécom Paris à l’époque ?
À la sortie de l’X, je souhaitais m’orienter vers l’École d’Application qui me fournirait une solide formation en informatique. Il était évident que l’informatique allait connaître un véritable développement dans tous les secteurs de l’économie…
… et mon goût pour cette discipline s’était déjà développé à l’X. J’ai opté pour l’École car elle proposait un solide cursus en informatique et Système d’Information, alors que le secteur des télécoms était lui aussi florissant.
Quels sont les souvenirs les plus marquants à Télécom Paris ?
Au-delà des matières scientifiques, les langues ont occupé une place importante dans la formation d’ingénieur. Mon souvenir le plus marquant est le cours d’arabe dispensé par un professeur formidable ; il nous a non seulement fait découvrir une langue, mais a tenu à nous conduire en terre arabe pour mieux la connaître et apprécier la culture associée. Avec une douzaine d’arabisants nous avons pu découvrir la Jordanie puis l’Égypte. C’est un souvenir merveilleux,
grâce à ce professeur profondément humaniste, épicurien et généreux.
Parle-nous de tes 25 années de carrière.
J’ai toujours oeuvré dans l’informatique, les Systèmes d’Information, le numérique. Je considérais qu’il était nécessaire d’avoir une spécialité d’ingénieur, d’avoir un métier. Les premières années ont donc été consacrées à apprendre ce métier, en SSII principalement. Puis je me suis tourné vers le conseil car il m’était apparu plus intéressant d’influer sur les orientations et les décisions à prendre. Ce fut donc du conseil en management, puis en stratégie. Beaucoup de missions de schémas directeurs, d’organisation des DSI… Ce fut ensuite le grand moment de la bulle internet, qui m’a conduit à faire le grand saut et à monter ma propre start-up internet. La bulle a éclaté avant de n’avoir pu lever tous les fonds nécessaires. Je me suis tourné vers la grande entreprise, pour mettre enfin en oeuvre ce que j’avais recommandé aux autres. C’est ainsi que je suis devenu DSI du Groupe Lagardère en 2001. Déjà, il était évident que le numérique allait bouleverser le monde des médias. Je n’ai pas été déçu ! Puis, lorsque je suis arrivé chez Essilor en 2009, comme DSI du groupe, la transformation numérique y était également en marche…
En quoi le numérique est-il désormais stratégique pour Essilor ?
Essilor appréhende la dimension numérique dans l’ensemble de ses fonctions (marketing, ventes, supply chain, finances, com,…) par l’introduction des technologies internet, des réseaux sociaux, du big data, etc. Mais le coeur même d’Essilor fait l’objet d’une évolution importante, avec de nouveaux business models, de la dématérialisation et le passage du produit au service. Et ce n’est que le début d’une formidable période d’innovation ! Comment ne pas imaginer l’impact de technologies comme la réalité augmentée, les objets connectés ou l’impression 3D ?
En quoi ta formation à Télécom Paris t’a-t-elle aidé dans ta carrière ?
Avoir un vrai savoir-faire dans un domaine choisi me paraît essentiel pour un manager ou un dirigeant. L’expérience acquise dans la pratique, sur le terrain, est irremplaçable et fait toute la différence entre un décideur froid et généraliste, et un homme de l’art, non seulement expérimenté mais aussi meilleur visionnaire. La formation Télécom Paris m’a fourni cette spécialisation et apporté au scientifique que j’étais une compétence d’ingénieur, c’est-à-dire de concepteur, de réalisateur et d’organisateur.
Que sais-tu de la stratégie de Télécom Paris ? Qu’en penses-tu ?
Je ne peux que féliciter l’École d’avoir embrassé cette stratégie axée sur le numérique. Innover et entreprendre dans un monde numérique ! Je crois que mon parcours reflète bien cette devise, et je me réjouis de voir que nos grandes écoles d’ingénieur, qu’il faut défendre comme une des grandes réussites de notre système éducatif, se positionnent de manière aussi volontariste sur ce secteur de l’économie qui me paraît encore – au bout de 30 ans – le plus porteur pour notre économie. J’ajouterai que la France a de nombreux atouts dans ce domaine, du système éducatif à la French Tech en passant par nos grands groupes leaders internationaux dans la haute technologie, et qu’il est vital de le reconnaître et de l’encourager !