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5G : l’efficacité énergétique n’est pas suffisante, elle doit être complétée par des mesures de sobriété

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Marceau Coupechoux

Toujours plus ! Plus de vidéos en streaming, plus de jeu en ligne, plus de retransmissions en HD voire en 4K… Pour en profiter sans soucis, de plus en plus de personnes se connectent en 5G. Au 31 décembre 2023, 14 millions de cartes SIM ont été actives sur les réseaux 5G, soit 17% du total.

La croissance reste soutenue, avec plus de 5 millions de cartes supplémentaires par an depuis un an selon l’Arcep. Les entreprises aussi utilisent de plus en plus la 5G pour la télémaintenance, l’utilisation d’outils connectés, les visioconférences en HD… Mais tous ces usages ont un coût qui ne cesse d’augmenter et ont des impacts sur l’environnement.

La Société informatique de France (SIF), une Association loi 1901, a entamé une série d’articles sur les enjeux de la 5G. Explications avec Joris Coudreau qui a participé au rapport du Shift Project sur les Mondes Virtuels et Marceau Coupechoux de Télécom Paris et Polytechnique, qui enseigne et effectue ses recherches dans le domaine de l’évaluation des performances, l’optimisation, l’algorithmie des réseaux sans fil et leurs impacts environnementaux ; il a aussi participé au rapport du Shift Project sur les Réseaux.

[…] Techniques de l’Ingénieur : L’amélioration de l’efficacité énergétique est une condition nécessaire pour la viabilité économique de la 5G. Est-ce le seul point sur lequel il faut se focaliser ?

Marceau Coupechoux : L’efficacité énergétique et l’optimisation sont des problématiques qui ont toujours été traitées depuis l’apparition des réseaux. Il n’y a pas de rupture particulière avec la 5G, que ce soit au niveau du hardware, des composants électroniques ; il y a des améliorations continues. Au niveau du protocole 5G, lorsque pour la première fois l’Union internationale des télécommunications a fixé les exigences, elle a parlé d’efficacité énergétique et qu’il était nécessaire que tout soit optimisé lorsqu’il y a beaucoup de trafic. Il fallait que les protocoles puissent se mettre en mode veille assez facilement dès qu’il y a moins de connexions. Mais l’efficacité énergétique, c’est-à-dire le nombre de bits transmis par unité d’énergie, c’est seulement un élément de la problématique. Si le nombre de bits ne cesse d’augmenter, nous ne pouvons pas réduire la facture énergétique.

L’efficacité énergétique n’est pas suffisante. Elle doit être complétée par des mesures de sobriété, car pour l’instant la croissance des réseaux est tirée par la croissance du trafic et du nombre de terminaux, d’antennes… Collectivement, il faut fixer des limites en régulant notamment le trafic. […]